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Metropolitan (États-Unis, 1990)

de Whit Stillman. 1h38. 

 

Tom Townsend rencontre par hasard une bande de jeunes Upper East Siders, à laquelle il s’intègre très vite, malgré son origine sociale (modeste) et ses opinions politiques («fourruristes»). Un film très bavard mais pas dans le mauvais sens : s’écouter parler est en effet la seule activité qui reste à ces jeunes privilégiés oisifs, en pleine crise existentielle. S’observant eux-mêmes comme des objets sociologiques, leur conscience de classe les pousse même à se donner un nom : la UHB, Urban Haute Bourgeoisie. Et évidemment, il y a une histoire d'amour qui vient s'ajouter à tout ça.

 

Entre Gatsby et Gossip Girl, Metropolitan est une plongée très élégante dans le microcosme de l’Upper East Side des années 90, qui donne à voir le malaise d’une jeunesse sans but, prisonnière d’une classe sociale d’un autre temps (ambiance salon littéraire).

 

Champs Élysées Film Festival 2014

Sun Belt Express (États-Unis, 2014)

de Evan Buxbaum. 1h31.

 

Prof au Mexique, Allen fait régulièrement passer des clandestins au Texas dans le coffre de sa voiture pour se faire de l’argent. Mais un jour, sans qu’il le sache, sa fille se glisse dans la voiture... Il se trouve qu’en plus la femme qu’il aime fait partie des immigrants.

 

Un road movie plein de qualités, qui arrive à traiter un sujet grave avec beaucoup d’humour et de légèreté. Les personnages sont tous particulièrement bien écrits et interprétés, que ce soit le père, sa fille ou les clandestins : sans excès, immédiatement crédibles et attachants. 

 

Lors de la projection, le réalisateur expliquait (comme il le fait dans la vidéo Kickstarter) que l'idée lui était venue lorsqu'il était serveur, à force d'entendre ses collègues mexicains raconter leur histoire. Et au cas où vous vous poseriez la question, les scènes dans le coffre de la voiture ont réellement été tournées dans un coffre !

Hasta Mañana (France, 2014)

de Olivier Vidal et Sébastien Maggiani. 1h21.

 

Nino et Léo grandissent ensemble, comme des frères, dans un foyer près de Marseille. Léo aime écrire et il voue un culte à Claude Chabrol. Alors un jour, Nino décide de faire une fugue pour monter à Paris et donner à Chabrol une nouvelle de Léo. Léo, pendant ce temps, doit apprendre à vivre sans son inséparable ami.

 

Difficile de parler de ce film sans évoquer le twist final : je me contenterai de dire qu'il y en a un, et que sans cela le film serait peut-être un peu trop répétitif dans sa structure (on alterne entre la vie de Léo au foyer et les aventures de Nino sur la route, dont Léo est informé par les lettres régulières qu'il reçoit). C'est très tendre, et le gamin qui joue Nino est adorable. Et puis il y a ce fameux twist...

 

Fun fact : un des réal était en train de réviser le bac au moment du festival... Il n'y a malheureusement pas eu de Q&A mais j'aurais vraiment aimé savoir comment un lycéen se retrouve embarqué dans la réalisation d'un film. Les ados acteurs ne manquent pas, mais un ado derrière la caméra?? Et pour un résultat assez réussi, en plus !

Stop the Pounding Heart (Italie/Belgique/États-Unis, 2013)

de Roberto Minervini. 1h44.

 

Sarah est l'aînée d'une fratrie de douze enfants, élevés à la campagne dans une famille très catholique. Étudier la Bible, traire les chèvres et regarder les hommes faire du rodéo : voilà ses seules distractions. Consciente de mener une vie particulière, Sarah ne peut s'empêcher de se poser des questions sur la foi, les hommes, l'avenir.

 

Le personnage est touchant, mais je m'attendais plutôt à quelque chose dans la veine de Electrick Children ou d'Ida. Dans Le Coeur battant (titre français), pas de découverte du monde "réel" ou de l'amour : Sarah est prisonnière de son malaise, jusqu'à l'énigmatique plan final (un peu à la Melancholia). S'il y a de beaux passages, forts et poétiques, une certaine langueur/lenteur s'installe et personnellement, j'ai fini par m'ennuyer car il n'y a pas vraiment d'enjeu qui maintienne le film en tension. Mention spéciale pour les dialogues, relativement peu nombreux mais souvent denses, notamment le catéchisme délivré par la mère, qui permet au film de développer une vraie réflexion sur la foi.

Side By Side (États-Unis, 2012)

de Christopher Kenneally. 1h39.

 

Side by Side est un documentaire sur la grande révolution que vit le cinéma actuellement : le passage au numérique. Les films ne sont plus des films, la pellicule est détrônée par les nouvelles technologies, qui ouvrent des possibilités infinies aux cinéastes mais au détriment de l'authenticité du support originel.

 

Keanu Reeves interviewe différents réalisateurs à ce sujet, et la compilation de ces points de vue produit une réflexion très intéressante, même (surtout ?) pour ceux, comme moi, qui n'y connaissent rien. Nous sommes quand même les témoins d'un véritable tournant dans l'histoire du cinéma. Bon, on aurait aimé en savoir plus sur la position de Keanu Reeves lui-même, mais la masterclass qui a suivi la projection a été légèrement gâchée, avouons-le, par le public qui posait des questions absurdes... Le pauvre Keanu a peu eu l'occasion de parler de son métier et de sa carrière, mais on a au moins pu constater qu'il avait de la patience et le sens de l'humour !

Kill Your Darlings (États-Unis, 2014)

de John Krokidas. 1h43.

 

Jeune étudiant à Columbia, Allen Ginsberg fait une rencontre décisive : celle de Lucien Carr, qui l'introduit très vite dans les milieux intellectuels underground du New York des années 1940. Avec Kerouac et William Bourroughs, ils forment un petit cercle bouillonnant, la "Nouvelle Vision", qui deviendra la Beat Generation (dont Carr sera l'éditeur). Mais Lucien vit une relation compliquée avec un ancien professeur, qu'il finit par poignarder...

 

Lorsque la réalité fournit un scénario sur un plateau, il serait idiot de ne pas en profiter : Lucien Carr est un personnage. J'attendais ce film depuis un moment, et je ne suis pas déçue - même si j'aurais aimé un peu plus d'atmosphère new-yorkaise. Mais plus que le lieu, ce sont les relations entre les personnages qui font l'intérêt du film. L'espèce de fascination à la fois fertile et malsaine qu'exerce Carr sur Ginsberg (entre autres) est très bien rendue, et Daniel Radcliffe arrive à faire oublier Harry Potter (malgré les lunettes rondes).

Fever (France, 2014)

de Raphaël Neal.

 

Le crime parfait est un crime sans mobile. Damien et Pierre, deux élèves de Terminale qui découvrent la philosophie, se laissent guider par le hasard et commettent un meurtre sans motif apparent. Mais en s'enfuyant, ils croisent une jeune femme dont ils éveillent les soupçons.

 

Adapté du roman éponyme de Leslie Kaplan, Fever est à la fois une réflexion philosophique sur la "banalité du mal" (Hannah Arendt) et un polar teinté d'humour. La manière qu'a chacun de vivre avec son secret en fait ressurgir d'autres, tout aussi sombres, tandis que l'amitié et l'insouciance des deux jeunes garçons permet au film de conserver un ton léger (voir la séquence de shooting, par exemple).

 

Le Q&A réunissait notamment Leslie Kaplan, Raphaël Neal, Martin Loizillon (Damien) et Camille, qui signe la BO. Notez que le film a été financé grâce à la plateforme KissKissBankBank, vive le crowdfunding !

Travelling at night with Jim Jarmusch (France, 2012)

de Léa Rinaldi. 0h52.

 

Pour la deuxième fois, Léa Rinaldi a obtenu de filmer Jarmusch pendant un tournage, en l'occurrence, celui de Only Lovers Left Alive - que je n'ai pas vu mais que j'ai maintenant envie de voir (Twilight ne peut clairement pas rester ma seule expérience de vampires au cinéma).

 

C'est assez fascinant d'être spectateur d'un film en train de se faire : sorte de making-of amélioré, le documentaire est consacré à trois ou quatre scènes (Léa Rinaldi n'ayant été conviée qu'aux derniers jours de tournage). Jarmusch semble être très à l'écoute de son équipe, les suggestions de chacun sont prises en compte et le scénario est sans cesse remanié. Léa Rinaldi nous montrent les acteurs qui entrent et sortent de leurs personnages sans arrêt, et nous fait également ressentir la lenteur de l'ensemble du processus : toute la préparation, les répétitions, le soin du détail avant d'enfin pouvoir dire (puis redire et re-redire) "Action !".

Des lendemains qui chantent (France, 2013)

de Nicolas Castro.

 

Saint-Étienne, 10 mai 1981 : Léon (Pio Marmaï) et son frère Olivier (Gaspard Proust) sont parmi le peuple de gauche en liesse. Pendant quelques jours euphoriques, Léon a une aventure avec Noémie (Laetitia Casta), qu'il n'oubliera jamais. Quelques années plus tard, devenu journaliste, il monte à Paris et découvre que Noémie, conseillère du Président, est fiancée à son frère, directeur de campagne  "qui a réussi"... Et en 1995, pour elle comme pour lui, la question se pose : qui choisir ?

 

J'ai été très agréablement surprise par ce film, portrait de la "génération Mitterrand" qui mêle histoire politique et histoire personnelle, non sans quelques facilités mais avec une vraie énergie. Le trio évolue au rythme des élections, jusqu'au 21 avril 2002, qui incarne leurs illusions perdues, "comme un putain de Balzac"...

 

Et en bonus, quelques images d'archives que le recul rend savoureuses (interviews de Tapie et BHL, par exemple).

Lions Love (France/États-Unis, 1969)

de Agnès Varda. 1h50.

 

Trois acteurs en herbe qui vivent ensemble à Hollywood, à la fin des années 1960. Ils rêvent de gloire et voient le monde à travers leur poste de télé : ils sont notamment témoins de l'assassinat de Robert Kennedy.

 

Agnès Varda, invitée d'honneur du festival, nous a raconté en introduction son expérience de Hollywood, où elle avait suivi avec Jacques Demy. Elle a très vite compris la nécessité de capturer cette atmosphère californienne, cette effervescence et cette liberté que la France revendiquait au même moment d'une toute autre manière.

 

Entre fiction et documentaire, Lions love est un film "hippie-hollywoodien" qui fourmille de trouvailles formelles (Nouvelle Vague oblige) : les acteurs s'adressent aux spectateurs, la réalisatrice fait irruption dans le champ, etc. Le spectateur contemple les personnages qui contemplent l'Amérique et la vie, une vraie expérience de cinéma.

The Face of Love (États-Unis, 2013)

de Arie Posin. 1h32.

 

Cinq ans après la mort de Garrett, l’amour de sa vie, Nikki rencontre un homme qui lui ressemble trait pour trait...

 

Il y a sans doute deux manières de voir ce film : soit comme une romance d’âge mûr, d’une originalité et d’une crédibilité relatives (avec force violons et répliques mièvres) ; soit comme une fable psychologique sur le deuil, à la PS : I Love You. La situation n'étant de toute façon pas réaliste, il est bien plus intéressant de voir l’ensemble comme un rêve éveillé, une projection de Nikki pour réécrire l'histoire et dire au revoir à son mari.

 

C'est ainsi qu'une réplique comme “You’re something else. I could take a bath in how you look at me”, que j'aurais trouvée d'un ridicule achevé dans une comédie romantique, m'a ici laissée bouche bée d'admiration : si Tom est un avatar de l'inconscient de Nikki, cette phrase se charge d'une puissance psychanalytique stupéfiante.

La Galerie 

     du Festival

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Créé en 2012 par Sophie Dulac, le Champs-Élysées Film Festival apporte chaque année le meilleur du cinéma français et américain au public hétéroclite qui accourt dans les salles de la plus belle avenue du monde.

 

Avec une accroche pareille, on pourrait croire que je travaille pour le festival - ce n'est pas le cas. Mais je dois avouer que j'aime particulièrement le CEFF, sorte de Tribeca parisien qui permet de voir non seulement des films en avant-première, mais surtout (c'est tout l'intérêt des festivals) des petits films indés qui ne seront peut-être jamais distribués. C'est l'occasion de voir ce qui se fait hors des studios, et d'assister en bonus à des masterclasses et à des Q&A's le plus souvent passionnants. Cerise sur le gâteau, le Pass Jeunes, à un tarif tout à fait raisonnable, offre la possibilité de se gaver de cinéma en illimité pendant une semaine (et de slalommer entre les touristes en arpentant les Champs d'une salle à l'autre, ça n'a pas de prix).

 

Merci donc à Sophie Dulac, qui a incontestablement réussi son objectif : créer un festival pour le public !

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