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Yves Saint Laurent

de Jalil Lespert

avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne

 

 

 

Drame, 1h46 (France).

Sortie le 8 janvier 2014.

Une vieille dame irlandaise (Philomena Lee), demande à un journaliste (Martin Sixsmith) de l’aider à retrouver son fils qui lui a été enlevé 50 ans auparavant. Inspiré de faits réels.

L'amour est un crime parfait

de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

avec Mathieu Amalric, Karin Viard, Sara Forestier, Maïwenn

 

 

Thriller, 1h51 (France).

Sortie le 15 janvier 2014.

Philomena

de Stephen Frears

avec Judi Dench, Steve Coogan

 

 

 

Drame, 1h38 (UK/US/France).

Sortie le 8 janvier 2014.

Jacky au royaume des filles

de Riad Sattouf

avec Vincent Lacoste, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon

 

 

Comédie, 1h30 (France).

Sortie le 29 janvier 2014.

Marc est un écrivain qui vit avec sa soeur et a tendance à séduire ses étudiantes de creative writing. Un jour, l'une d'entre elles disparaît et sa belle-mère, Anna, entre dans la vie de Marc...

L'histoire d'Yves Saint Laurent, génie torturé qui a révolutionné la mode, à travers une approche personnelle, qui met l'accent sur sa vie privée, sa dépression, et surtout le rôle qu'a joué Pierre Bergé dans sa (sur)vie.

Le conte de Cendrillon, transposé dans un royaume utopique où les hommes portent la burqa et où les femmes dirigent le pays d'une main de fer. Jacky parviendra-t-il à séduire la Colonnelle au bal de la Grande Bubunnerie ?

Dallas Buyers Club

de Jean-Marc Vallée

avec Matthew McConaughey, Jared Leto

 

 

 

Drame, 1h57 (US).

Sortie le 29 janvier 2014.

12 Years A Slave

de Steve McQueen

avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender

 

 

 

Drame historique, 2h13 (UK/US).

Sortie le 22 janvier 2014.

Solomon Northup était un homme libre, qui vivait avec sa famille dans le nord des États-Unis, jusqu'à ce qu'il soit enlevé et vendu comme esclave. Il va passer 12 ans dans les plantations du Sud. Inspiré de faits réels.

Ron Woodroof, un pur cowboy texan, apprend qu'il a le SIDA. Alors que les médecins lui donnent un mois à vivre, il se tourne vers d'autres traitements, interdits aux États-Unis mais efficaces. Inspiré de faits réels.

Philomena

Je m’attendais à un bon film, mais pas forcément un très bon film, et en fait il a vraiment beaucoup de qualités. D’abord je m’attendais à ce que l’opposition catholique / athée, milieu modeste / journaliste célèbre, éducation sommaire / Oxford devienne rapidement un peu lourde, mais à part quelques petits clichés qui se comptent sur les doigts de la main, les dialogues sont intelligents et les personnages sont écrits et interprétés avec une grande finesse. Le ton est à la fois sérieux et léger, et une vraie tendresse s’installe progressivement entre les personnages et vis-à-vis d’eux. Par ailleurs, comme c’est avant tout une enquête, il y a du rythme et un dynamisme qui tient en haleine au-delà de la seule dimension humaine.

 

Outre le scénario, le gros atout tient évidemment au duo d’acteurs : Steve Coogan se montre à la hauteur de la grande Dame Judi Dench, et les deux nous offrent une performance complice et subtile. C’est sans doute pour cette raison que les dialogues peuvent éviter lourdeurs et clichés, il n’est pas nécessaire de tout expliciter pour que les émotions passent (cf. l’expressivité du visage de Steve Coogan lorsqu’il «retrouve» le fils).

 

À travers Philomena et Martin, le film nous propose deux visions du monde opposées, mais sans forcer le spectateur à choisir. L’alternative subsiste jusqu’à la fin, où, malgré la réaction admirable de Philomena, Martin Sixsmith reste sur sa position vis-à-vis des soeurs. Les deux scénaristes mériteraient bien un Oscar, ne serait-ce que pour les remercier de cette liberté très appréciable laissée au spectateur.

 

Deux petits bémols peut-être :

- le début un peu bâclé, où Martin Sixsmith décide d'un coup d'aider Philomena. Je n'aurais pas aimé que l'atermoiement dure des heures, mais il aurait pu être un tout petit peu plus étoffé quand même (ou alors totalement absent, à ce moment-là). 

- les images d'archives, qui permettent de garder en permanence à l'esprit que c'est tiré d'une histoire vraie et qui confèrent au fils disparu une réalité et une présence indéniable, mais le procédé en lui-même est vu et revu, presque trop facile pour Stephen Frears...!

 

 

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Yves Saint Laurent

Je suis très partagée vis-à-vis d’Yves Saint Laurent... Impressionnée par Pierre Niney et Guillaume Gallienne (et pourtant je suis d’habitude plutôt galliennosceptique), mais un peu déçue par le film malgré tout. Je pense que ça vient du fait que l’attention est vraiment portée sur la vie personnelle de Saint Laurent, et que sa carrière est présentée de manière presque anecdotique, accessoire. On voit quelques défilés, on est témoin de quelques moments de création, mais l’accent est mis sur l’alcool, la drogue, les frasques et extravagances du styliste, et surtout sur sa relation avec Pierre Bergé (au point que le film aurait dû s’appeler Pierre et Yves, ou Et Pierre Bergé créa YSL...). En un mot, on reste sur sa faim.

 

Rien d'étonnant à ce que Pierre Bergé ait été un fervent soutien de ce film : malgré son côté sombre, violent, possessif et jaloux, il est avant tout entièrement dévoué à Saint Laurent en tant que génie créateur, qu’il veut protéger coûte que coûte d’Yves, le jeune homme dépressif et torturé. La thèse du film, c'est que sans Bergé, pas de Saint Laurent (ok, ç'aurait été plus drôle avec Bernard). Je ne connaissais pas en détails la vie de ces deux hommes, mais je suis sortie de la salle avec une image très dégradée du créateur et sans en savoir beaucoup plus sur son influence sur la mode. Mais je le répète, les deux acteurs sont excellents (Nikolai Kinski, qui joue Karl Lagerfeld jeune, m’a en revanche beaucoup moins convaincue...). Je serais curieuse de voir la version de Bonello pour comparer les approches (enfin, si elle sort un jour !).

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L'amour est un crime parfait

L’élocution de Mathieu Amalric m’a toujours fascinée : comment une diction aussi nettement théâtrale peut-elle pourtant si bien passer à l’écran ? Récemment, ses rôles (prof, psy, metteur en scène, écrivain) sont une explication toute trouvée, mais même pour des personnages en lien étroit avec le langage, réciter son texte au cinéma devrait poser problème pour le spectateur. Et en effet, j’ai l’impression que ça change notre rapport au film : d’une certaine manière, Amalric nous fait voir la différence entre spontanéité et naturel. Il donne l’impression de dire son texte sans en changer une ligne, au lieu de créer une illusion de spontanéité, mais ses propos n’en paraissent pas moins naturels pour autant. Simplement, ils sont naturels dans un cadre particulier, dans une représentation de la vie (alors qu’ils ne le seraient pas dans la vie elle-même). Il m’a semblé que je prenais conscience du film en tant que film, que je considérais Amalric comme un personnage qui joue un rôle dans un monde imaginaire (en l’occurrence, ce pourrait très bien être son propre imaginaire, puisqu’il est écrivain).

 

Les autres acteurs, dont le jeu ne présente pas la même particularité, semble l’obtenir par contagion : Marc (Mathieu Amalric) semble comme fictif dans un monde réel, mais les femmes qui l’entourent (Karin Viard, Maïwenn, Sara Forestier) semblent aussi sortir de son imagination, comme si on les voyait à travers son regard. On est donc toujours dans une zone floue entre réel et fiction, hésitation que la fin rend d’autant plus pertinente... Le décor, de même, alterne entre le chalet réaliste (mais romanesque par nature) et l’université futuriste (mais évidemment bien réelle), blanche dans un paysage blanc.

 

Très inspiré de Giono (Un Roi sans divertissement), par le cadre, par le thème de l’ennui, par la fin, L’Amour est un crime parfait est un thriller poétique, où, sans jamais faire irruption, le surnaturel semble toujours imminent

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12 Years A Slave

12 Years A Slave a tous les ingrédients d’un film à Oscars : une histoire vraie et exceptionnelle, mêlant drame historique et drame personnel, un bon casting, des images choc, une happy end, etc. Et pourtant, même s’il est difficile de critiquer un film sur l’esclavage parce que bon, quand même, c’est un sujet fort, tout ça, je suis sortie en disant «mouais».

 

Pourquoi si peu d’enthousiasme ? Tout d’abord parce que j’ai ri à un moment, ce qui n’était clairement pas l’intention du film, mais il faut avouer que Brad Pitt est franchement ridicule. Il apparaît dix minutes, en cowboy libre et humaniste, le temps de faire un petit discours anti-esclavagiste et de sauver carrément Solomon Northup, rien que ça ! C’est lui le véritable héros du film (je suis d’ailleurs tombée sur une affiche italienne où on le voit en gros, tandis que Chiwetel Ejiofor n’apparaît qu’en plus petit dans un coin), et comme par hasard, c’est également un des producteurs du film : coïncidence? Je ne crois pas ! 

 

Plus généralement, c’est le manque de crédibilité du film qui m’a dérangée : Chiwetel Ejiofor n’est pas extraordinaire, il joue toujours un peu sur le même registre, et sans les quelques cheveux grisonnants que l’on remarque lors de sa libération, on ne se rendrait pas compte que douze années ont passé. Son visage et son corps, sa voix, sa posture ne changent pas. Il a juste des habits sales et l’air triste. Quant à Lupita Nyong’o (Patsey), elle a un jeu assez excessif (cf. la scène du savon), à part dans «la» scène de flagellation où force est de reconnaître qu’elle est très (trop) convaincante.

 

Parlons-en, justement, de cette scène : honnêtement, s’il est nécessaire de montrer autant de violence, pendant aussi longtemps et de manière aussi ouvertement choquante, pour que les spectateurs comprennent le message, il y a de quoi s’inquiéter. Pour ma part, j’ai baissé les yeux au bout d’une seconde, et c’était assez pour que l’image de son dos soit imprimée sur ma rétine et qu’elle me donne littéralement envie de vomir. Cet excès, symptomatique du «film à Oscars», est complètement contreproductif et ruine l’illusion cinématographique : lorsqu’on voit les ficelles, on est beaucoup plus réticent à se laisser manipuler. Manichéisme excessif, violence excessive, pathos excessif, comme si le but du film était de nous convaincre que l’esclavage, c’est mal.

 

Cela dit, il y a une originalité de mise en scène que j’ai trouvée brillante : les plans «photo de groupe», où les esclaves sont filmés à plusieurs, de face. Ces plans sont beaucoup plus forts que les scènes explicitement violentes, car ils apportent au film une dimension documentaire. Si l’excès des scènes de torture nuit au film en nous rappelant que ce n’est qu’un film, ces plans au contraire nous rappellent que c’est une histoire vraie. Et c’est quand même bien ça le pire.

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Dallas Buyers Club

On ressort:

- impressionné par Matthew McConaughey, et en croisant fort les doigts pour que l’Academy récompense son incroyable prestation comme elle le mérite ;

- révolté contre les lois américaines qui rendent certains médicaments illégaux alors qu’ils pourraient, sinon soigner les patients, du moins combattre les symptômes de la maladie et leur permettre de mieux vivre ;

- ému, par le récit lui-même, par ce cowboy libre et déterminé, par son ami transsexuel drogué (Jared Leto mérite aussi un Oscar), par la relation entre leurs deux personnages, par l’espoir qui émane de leur combat désespéré ;

- reconnaissant, pour la sensibilité de l’approche qui évite (le plus souvent) le pathos larmoyant, et met l’accent sur la légitimité et l’intelligence de la démarche de Ron en la présentant de manière dépassionnée, comme une évidence ; 

- pas convaincu par Jennifer Garner, que l’on continue à appeler Hilary Swank une fois sur deux et qui fait bien pâle figure à côté du duo masculin ;

- trop fasciné par Matthew et Jared pour avoir vraiment fait attention au reste et être en mesure de faire une critique vaguement digne de ce nom...

- un peu déprimé quand même.

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Jacky au royaume des filles

J'étais assez emballée par l’idée de base, à savoir revisiter un conte pour proposer un regard nouveau sur des problématiques actuelles. Le conte est un terrain d’expérimentation idéal, puisqu’il fournit à la fois un univers clos et imaginaire, donc un laboratoire où l’on peut faire à peu près ce que l’on veut, et des personnages-types dont on peut aisément modifier un ou plusieurs traits. L’histoire de Cendrillon, simple et connue de tous, ne requiert pas d’effort particulier de la part du spectateur, ce qui permet à celui-ci de focaliser son attention sur les «variables».

 

Pour ce qui est des personnages, Ie paramètre avec lequel joue Riad Sattouf est évidemment le sexe : Cendrillon devient Jacky (Vincent Lacoste), et le prince Charmant se transforme en Colonelle (Charlotte Gainsbourg), tandis que Didier Bourdon joue l’affreuse belle-mère (Brunu). Quant à l’univers, on passe des paisibles royaumes de contes de fées à une dictature soviético-islamiste où les hommes portent la burqa et où tout le monde mange la même bouillie immonde et révère la Générale.

 

Il y avait a priori un vrai potentiel comique et «philosophique», mes attentes étaient donc assez élevées, même si je me méfiais du traitement (je n’ai pas vu Les Beaux Gosses, mais la bande-annonce ne m’avait pas franchement donné envie). J’avais malheureusement raison de me méfier : l’humour potache que je redoutais était bien là, et il gâche en grande partie le film en l’empêchant d’avoir l’impact qu’il pourrait avoir. J’ai ri par moments, mais on est trop souvent dans le grotesque et je suis finalement ressortie frustrée. Cela dit, j’étais tout de même reconnaissante envers Riad Sattouf pour l’idée (– et pour Didier Bourdon en burqa).

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  J A N V I E R   2 0 1 4  

  Et l'AP du mois : 

 

Beaucoup de bruit pour rien, 

de Josh Whedon

 

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