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The Grand Budapest Hotel

de Wes Anderson

avec Ralph Fiennes, Tony Revolori, et tout un tas de grands dans des plus petits rôles

 

 

Comédie, 1h40 (UK/Allemagne).

Sortie le 26 février 2014.

American Bluff

de David O. Russell

avec Christian Bale, Amy Adams, Bradley Cooper, Jennifer Lawrence

 

 

Comédie / Arnaque, 2h18 (US).

Sortie le 5 février 2014.

Dans les années 70, un escroc (Irving Rosenfeld) et sa complice doivent aider le FBI à piéger des hommes politiques. Le plan est ambitieux et risqué, surtout si la femme d'Irving s'en mêle...

American Bluff

Il y a toujours un film dont la nomination aux Oscars me laisse sceptique, et pour la deuxième fois consécutive, il est signé David O. Russell. Comme Happiness Therapy, American Bluff est un film de qualité, mais dans la catégorie 'divertissement', un gentil film d’arnaque comme Happiness Therapy était une gentille comédie romantique. Si Amy Adams repart avec une statuette, j’arrêterai officiellement d’essayer de comprendre ce qu’il se passe dans la tête des électeurs - j’avais déjà dit ça après la victoire de Jennifer Lawrence l’année dernière, certes. D'ailleurs c’est amusant parce que c’est probablement grâce à cet Oscar qu’elle a pu jouer dans American Bluff, mais à cause de lui il y a peu de chances qu’elle en ait un autre cette année. Et pourtant elle le mériterait davantage à mon sens que pour Happiness Therapy, en partie parce que ses rivales de cette année ne sont pas du niveau de celles de l’année dernière, mais pas seulement : j’ai trouvé que sa performance dans American Bluff était vraiment la meilleure (les autres sont tous très bons, mais je n’irai pas jusqu’à leur donner un Oscar, quoi). Bref, Jennifer Lawrence en femme un peu dérangée, c'est comme De Niro en mafioso : ça marche à tous les coups.

 

La folie est ce qui fait toute la saveur du film et ce qui en fait un film d’arnaque particulièrement jouissif. Le début est assez lent (autre raison de ne pas l’oscariser) mais quand tout se met en place, on est dedans jusqu’au twist final. La jubilation du spectateur va crescendo, en grande partie parce qu’on a l’impression que les acteurs se lâchent de plus en plus. Au fur et à mesure que les personnages perdent le contrôle des événements (en apparence ou réellement), la folie gagne et c’est contagieux. La séquence «Live and Let Die» restera dans mes annales personnelles ! Amy Adams est beaucoup plus sage que Jennifer Lawrence (dans son jeu, pas seulement dans l’histoire), son petit accent british est très réussi mais je l’ai trouvée moins intense.

 

Je ne suis pas archi-fan des films d’arnaque et de leurs intrigues compliquées, mais ils ont l’avantage de reposer souvent sur des personnages subtils et bien écrits. C’est le cas ici, où tous sont un savant mélange d’excès et de nuance. Le maire Carmine Polito est sans doute la meilleure illustration de la singularité de ces personnages, qui ne cèdent pas au cliché malgré la pression des conventions du genre : ce n’est pas l’habituel politicard pourri qui se retrouve piégé pour le plus grand bonheur du spectateur. Au contraire, c’est un politicien plein de bonnes intentions mais faillible malgré tout, ce qui le rend très attachant et humain (et puis il a ce petit air à la Elvis, so 70’s, on ne peut pas le détester).

 

J’ai passé un bon moment, la réalisation est efficace et les acteurs sont probablement le principal atout du film, mais je me suis quand même un peu ennuyée au début et il n’est pas du tout dans mon top 5 des films de l’année (pourquoi l’Academy ne me demande-t-elle jamais mon avis ?!).

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The Grand Budapest Hotel

En règle générale, la magie du cinéma est de conduire les spectateurs à oublier les images au profit du mouvement et de l’illusion de réel. Wes Anderson, au contraire, fait un cinéma où l’on voit les images. Dans The Grand Budapest Hotel par exemple, elles se succèdent plus qu’elles ne s’enchaînent, et de cette suite saccadée émergent un rythme et une énergie jubilatoires. Le cadre est toujours composé avec soin, quasiment chaque image pourrait être un tableau, tout en couleurs et en symétries. Ce travail sur les images elles-mêmes rend toute transition, tout effet de fluidité superflus : la caméra saisit l’ensemble de manière frontale, avec des mouvements précis, vifs, tac tac, en angles droits, des zooms rapides et ciblés, champ, contrechamp, hop. Voir par exemple la scène du confessional, qui alterne champ et contrechamp de plus en plus vite, en mode Bref (“Il m’a regardé, je l’ai regardé, il m’a regardé. Bref, j’étais dans un confessional avec Mathieu Amalric”). Le rythme visuel ainsi créé donne presque à l’image une musicalité propre (indépendamment de la très jolie BO d’Alexandre Desplats).

 

L’esthétique et l’efficacité visuelle l’emportent ainsi sur le réalisme, et le film s’affirme comme œuvre d’art. Œuvre d’art par sa créativité et le style de son réalisateur, mais sans la prétention et la fausse profondeur qui plombent parfois le travail des cinéastes qui se veulent artistes. Wes Anderson ne se prend pas au sérieux, il se contente de mettre son imagination en images et de nous proposer un petit univers aussi loufoque que charmant dans lequel on entre en douceur. En effet, l’imbrication comme autant de poupées russes de quatre niveaux de récit (la jeune fille qui lit / le vieil écrivain qui écrit / le vieux Mustafa qui raconte / le jeune Zéro qui vit l’action) nous permet de plonger progressivement dans le conte en établissant une distance entre le Grand Budapest Hotel (souvenir d'un souvenir) et le monde réel.

 

En un sens, le monde coloré et fantaisiste du Grand Budapest Hotel, et le montage simple et net du film, ne sont pas sans rappeler les dessins animés, voire les bandes dessinées. Le choix d'un changement de format (passage au 4:3 quand on entre dans le récit) confirme que chaque image est une vignette, et est pensée comme telle. Par ailleurs, au début de son récit, le vieil écrivain accompagne brièvement le dialogue des acteurs de didascalies en voix off : les acteurs sont ainsi introduits comme des acteurs, qui rejouent l’histoire dans l’imagination de la jeune fille qui lit le livre (ou dans celle de l’écrivain, ou dans celle du conteur originel, peu importe). Ils peuvent donc jouer avec cet espèce de détachement, sans se soucier de réalisme et de crédibilité. Le personnage de Gustave H. (Ralph Fiennes), concierge distingué et excentrique, est particulièrement exquis, et le jeune acteur qui joue Zéro (à peu près le seul inconnu du casting...!) m’a beaucoup plu. 

 

On ne peut que reprocher une fin un peu brutale : une fois qu’il sait comment M. Mustafa est devenu propriétaire de l’hôtel, le jeune écrivain (Jude Law) demande pourquoi il l’est resté après toutes ses années. J’aurais préféré encore 1h30 de film en guise de réponse, plutôt que deux phrases en attendant l’ascenseur...

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Un écrivain raconte l'histoire de M. Mustafa, propriétaire du légendaire Grand Budapest Hotel. Pendant la guerre, celui-ci s'est retrouvé impliqué dans un vol de tableau avec Gustave H., le concierge de l'hôtel.

Ida

de Pawel Pawlikowski

avec Agata Trzebuchowska, Agata Kulesza

 

 

 

Drame, 1h19 (Pologne).

Sortie le 12 février 2014.

Ida

Des mots me viennent pour parler de ce film, mais pas de phrases : lenteur, poésie, mélancolie, noir et blanc, méditation, poids du passé, beauté, film d’apprentissage, etc. Si j’essaie de faire des phrases, ça ressemble à : « Comme dans My Summer of Love, Pawel Pawlikowski met en scène deux personnages féminins dont l’un, plus expérimenté, fait découvrir la vie à l’autre, encore candide », ou « À travers les deux héroïnes s’opposent deux visions de la Pologne des 60’s, entre refus du passé et peur de la modernité ».

 

Donc c’est pas terrible, c'est banal et c'est simpliste. Je voudrais parler du magnétisme incroyable d’Agata T., du cadrage, de la musique, de la fin, de la séquence juste avant aussi, mais j’ai peur que ça dépoétise le film. Je me tais.

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Avant de prononcer ses voeux, une jeune novice orpheline rend visite à sa tante, seule membre de sa famille qui lui reste. Elle apprend des choses sur son passé, et découvre une autre manière de vivre, loin du couvent.

  F É V R I E R   2 0 1 4  

  Et l'AP du mois : 

 

Un été à Osage County, 

de John Wells

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